Les représentants du personnel appelé pour couramment « syndicalistes » sont tantôt très respectés et tantôt décriés. Bien que cela puisse être compréhensif, car aidé par une propagande antisyndicale, des mass medias à la botte du grand patronat, mais aussi à mon grand regret par l’incompétence de beaucoup d’entre eux, il m’est important de faire un éclairage assez succinct sur ce mandat.
Donc avant d’aller plus loin dans mes articles, je souhaiterais faire une mise au point sur ma vision des représentants du personnel, car je pense qu’il est essentiel de s’y attarder un peu avant toute confusion.
C’est aussi pour bien comprendre le monde dans lequel je vis au boulot que je vais tenter de vous l’expliquer en utilisant l’analogie de la saga Star Wars. Je sais ça fait un peu le mec beauf, mais je m’en fiche, car elle a du sens pour moi.
De plus, vous allez vous dire aussi que je m’y crois un peu, mais ce n’est pas le cas, car lorsqu’on fait quelque chose à fond avec de bons résultats, qui vous tient réellement à cœur surtout quand il s’agit d’aider les autres, et bien, on est en droit de s’exalter un peu et encore plus quand on s’en prend plein la tête pour cela.
Représentant du personnel, c’est donc à mes yeux, sans chercher la définition exacte sur le NET ou ailleurs, celui qui défend et revendique les intérêts de ses collègues devant son patron.
Et c’est là qu’est toute la difficulté de la chose : le patron.
Aller voir son boss pour défendre un collègue, pour revendiquer un droit, ce n’est pas quelque chose de facile, car il faut avoir un certain courage pour le faire, pour oser défier son patron, le patron tout-puissant qui a toujours raison.
Celui qui du coup va vous mettre la pression, utiliser tous les coups tordus pour vous empêcher de faire votre boulot, et dans ce cas, il faut arrêter de rêver : fini l’augmentation de salaire, l’évolution de carrière, en gros, vous êtes grillé.
Bien sûr, quand je parle de patron, c’est le cliché du boss autoritaire patriarcal qui exerce un contrôle total sur son entreprise ne laissant que très peu de marge de manœuvre à ses salariés. Et encore, je m’arrêterai là au niveau de ses possibles abus de pouvoir, car c’est déjà suffisant pour continuer mon article.
Je ne parle donc pas du patron bienveillant, respectant ses salariés, car ils existent et ça sera même le sujet d’un prochain article, puisqu’il y a matière et que c’est plus intéressant.
Alors oui, il faut un certain courage, voir beaucoup de courage et de conviction pour exercer ce mandat ou plutôt ce sacerdoce nécessitant d’y mettre tout son cœur.
Cependant attention à ne pas non plus exagérer, au risque de se voir manipuler par certains collègues peu scrupuleux qui profiteraient de sa bienveillance pour couvrir leurs conneries.
Donc en ces temps où le grand patronat n’a jamais été aussi puissant depuis ces cinquante dernières années, un représentant du personnel qui se vaut, est un donc à mes yeux un chevalier « Jedi » :
Il doit avoir la sagesse, l’humilité, et la force pour mener sa tâche à bien.
Il se doit d’avoir une certaine intelligence d’esprit pour connaître toutes les ficelles des prérogatives de chaque instance, mais surtout être stratégique comme dans une partie d’échecs puisqu’il passe la plupart de son temps à jouer au chat et à la souris avec la direction.
Il est ainsi toujours vigilant face aux attaques et coups tordus pouvant venir de partout même de ses propres collègues.
Le discernement et la patience sont donc la pierre angulaire de sa fonction, car certaines situations sont faussées par l’hypocrisie, la lâcheté et la sournoiserie.
La diplomatie est aussi une de ses forces pour maintenir un certain « dialogue social » avec l’employeur. Intransigeant oui, mais souple à la fois. Il doit savoir faire un pas vers lui lorsque c’est nécessaire et surtout au bon moment.
Le bon représentant du personnel est un homme intransigeant et irréprochable, il n’a pas vraiment droit à l’erreur surtout à son poste de travail. Il doit sans cesse montrer l’exemple à ses collègues et surtout ses camarades syndiqués.
Il est un leader charismatique, disponible, à l’écoute de tous… même de son boss.
Il doit savoir s’adapter en toute circonstance, non sans difficultés parfois, surtout lorsqu’il passe de son poste de travail à sa fonction de représentant du personnel, s’adapter à des horaires décalés, des déplacements lorsqu’il y a plusieurs sites, gardé la tête froide devant une situation difficile et de dernière minute, gérer plusieurs casquettes comme la trésorerie, le droit, l’écriture de rapports, son organisation, composer avec beaucoup de finesse et d’esprit.
Comme les cadres, il ne compte pas ses heures de travail, mais n’est généralement pas payé en conséquence.
Néanmoins, ce qui fait la plus grande force de ce chevalier « Travail » c’est l’humour pour ne pas péter les plombs devant la connerie humaine, en somme sa devise doit être : « L’amour pour épée et l’humour pour bouclier »*
Pour revenir à notre analogie, la « Force » d’un représentant du personnel est le Code du travail, tout du moins ce qu’il en reste, car petit à petit les forces obscures l’amenuisent de plus en plus, le contrôle pour faire de nous leurs esclaves.
Pour cela, ces forces obscures qu’est en somme la finance avec leur soif du toujours plus avec toujours moins, arrivent à utiliser des représentants du personnel pour arriver à leurs fins, car tous ne sont malheureusement pas vertueux, certains sont plutôt des chevaliers « Sith », du côté obscur. Ils détournent donc cette Force, pour servir leurs intérêts, ou/et celui du patron.
Dans ces entreprises, les salariés sont donc laissés à l’abandon, aux griffes de chefaillons, d’une organisation du travail catastrophique, de conditions de travail délabrées pour le seul Dieu profit.
Ils leur font croire avec leurs belles élocutions et certains charismes qu’ils sont là pour eux, mais ils trahissent leurs confiances, n’hésitant pas à signer des accords contre leur intérêt.
Oui, le monde du syndicalisme n’est malheureusement pas très beau, mais certains hommes le sont, car c’est l’homme derrière le syndicaliste qui fait le syndicat et non l’inverse.
Pour finir, cet article présente une version assez binaire des choses entre le bien et le mal, mais je pense qu’au-delà de cette vision simpliste du monde syndical il y a plutôt une multitude de nuances, passant donc de l’obscurité à la lumière par une variété de gris.
C’est donc à mon avis là que réside un des problèmes de notre société : des élites voulant nous faire croire à une société binaire alors qu’elle est variée… et belle.
Tout dépend où on porte son regard.
Alors qui pense dorénavant que l’analogie entre Star Wars et le syndicalisme n’est pas vraie ?