Dans le cadre de mon mandat de représentant du personnel dans mon entreprise, je suis actuellement une formation sur le thème de la santé au travail et plus précisément les CHSCT (le Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail) qui à l’heure actuelle est en train de vivre une lente, mais douce transformation qui ne va pas forcément dans le bon sens.
Force est de constater aussi que mes confrères présents sont assez remontés, tellement les conditions de travail se dégradent dans nos entreprises et tellement il devient de plus en plus difficile de faire correctement notre travail d’élu.
Pourtant, cette instance représente un sacré garde-fou face aux abus, lorsque les élus font bien leur travail, et c’est là qu’est le problème.
Notre santé n’a pas de prix, mais ce n’est apparemment pas l’avis de tout le monde. On se doit d’admettre qu’elle est en péril dans beaucoup d’entreprises. Il suffit de voir le nombre de burn-out qui explose et aussi de regarder avec objectivité, dans quelles conditions nous travaillons tous. Des conditions de travail mis à mal par des organisations toujours plus contraignantes et stressantes. Pas besoin de voir des chiffres, observez autour de vous, parlez, discutez avec vos amis, votre entourage et vous ferez malheureusement le même constat que moi : peu de personnes se sentent bien au travail.
Le besoin de reconnaissance
Mais changeons de point de vue et regardons s’il n’y a pas un autre paramètre qui accentue ce malaise. Si l’on observe bien certaines causes du problème, que l’on analyse profondément les sources pathologiques rencontrées au travail, on peut en déceler une qui est récurrente, mais dont on parle peu, c’est le besoin de reconnaissance.
Les salariés français sont réputés (malgré ce qui se dit un peu partout) pour aimer leur travail, car ils le perçoivent comme un besoin de se réaliser, d’accomplissement de soi.
Par le travail qu’ils effectuent, c’est leur identité à travers leurs capacités et compétences qui sont mises en avant. Autrement dit, ils en ont besoin pour montrer ce qu’ils sont et ce qu’ils valent.
Bien sûr, cela n’est pas une spécialité uniquement française, mais elle est plus fortement présente chez nous qu’ailleurs.
Par conséquent, quel merveilleux filon pour certaines directions ou certains encadrements, pour faire atteindre aux salariés des objectifs toujours plus élevés.
Mais pourquoi les salariés français pensent-ils que le travail est la principale activité qui leur permet d’être humainement reconnus ?
Déjà parce que le mot travail est étymologiquement lié à la souffrance et à la douleur. Nous avons ancré dans nos têtes depuis des milliers d’années la croyance que nous devons fournir des efforts pour travailler. Donc souffrir au travail est inconsciemment normal.
Ensuite à partir de ce fait, nos parents nous ont beaucoup récompensés par rapport aux notes de l’école. Par conséquent, nous en sommes venus à confondre la valeur des notes avec notre propre valeur. Cette confusion va ainsi avoir des répercussions sur notre estime de soi, donc sur le besoin de reconnaissance et c’est au travail que les conséquences seront les plus visibles.
Personnellement, j’ai vécu beaucoup de moments difficiles au travail. Ayant toujours eu une conscience développée de mon corps, je suis donc depuis toujours très sensible à mes conditions de travail.
Si on ajoute cette sensibilité à mon aversion profonde envers l’injustice, on peut comprendre, surtout à notre époque, qu’il m’est quelque part “normal” d’avoir connu ces expériences difficiles.
Néanmoins je ne regrette rien, car c’est ce qui a forgé ma personnalité et fait ma force aujourd’hui.
Ce n’est pas que je suis quelqu’un d’arrogant et de râleur à tout bout de champ. Non, bien au contraire, j’ai une capacité d’endurance assez forte pour surmonter des conditions difficiles et je suis quelqu’un qui prône avant tout la communication non violente.
Mais quand vous tombez face à un manager pervers narcissique qui a besoin de se sentir vivant à travers l’humiliation de sa victime, la communication non violente ne sert plus à rien. La seule chose qui compte alors est le rapport de force.
C’est triste et pathétique, mais c’est une réalité qu’on retrouve dans beaucoup d’entreprises.
Cependant si je me suis sorti de toutes ces épreuves, c’est parce que je savais qui j’étais et surtout parce que je n’attendais rien de personne et encore moins la reconnaissance de mes supérieurs.
Bien sûr, je n’ai pas toujours été comme ça. Bien au contraire, à une époque de ma vie je ne vivais qu’à travers le besoin de reconnaissance des autres. J’avais besoin qu’on me dise que j’étais bon, gentil, une bonne personne en somme.
J’étais en recherche constante d’approbation et je souffrais en tout mon être lorsqu’on me jugeait, qu’on me critiquait, ou même quand je n’avais aucun retour de leur part sur ma personne.
Un simple regard réprobateur me déboussolait. Mieux je m’imaginais toujours le pire, je pensais à leur place, mais de manière négative. Je pensais qu’ils me trouvaient nul, sans aucune personnalité, que je n’étais pour eux qu’un être insignifiant.
Je ne me sentais bien que lorsqu’on me complimentait, et qu’y a-t-il de mieux que le travail pour avoir des compliments. On se démène, on ne compte pas ses heures, on fait toujours plus, et plus vite. On ne rechigne pas devant le boulot, car on veut qu’il soit bien fait et de ce fait, être reconnu pour ces efforts.
On veut toujours faire mieux pour se sentir mieux, mais au fond on sait que c’est trop, qu’on n’en fait jamais assez.
Le travail permet d’exploiter au mieux nos capacités et compétences pour les mettre en valeur, mais encore faut-il que l’on sache les reconnaître et surtout vous les communiquer correctement. Et c’est là qu’est tout le nœud du problème, car combien de responsables et tout simplement de personnes sont des handicapés de la communication ? Combien d’entre eux, même après avoir fait des formations de management ne pourront jamais avoir cette qualité, parce que ce n’est pas inné ou parce qu’ils ne veulent tout simplement pas ?
Alors dans ma recherche intérieure, je suis devenu l’observateur de mon état émotionnel et mental. J’ai compris et admis en mon âme que le besoin de reconnaissance n’était que le résultat d’une croyance erronée. Celle qui dit qu’il faut souffrir au travail afin d’être reconnu comme quelqu’un de bien. Et ce n’était pas gagné lorsque vous avez des parents qui baignent à fond dans cette croyance, mais ils font partie d’une autre génération, d’une autre culture donc je les comprends.
Une autre de mes croyances voulait que la reconnaissance de soi n’avait de valeur que dans l’opinion de personnes ayant une certaine autorité, une expertise.
Bien que cette dernière croyance soit en partie vraie, il arrive que, certaines fois, ce genre de personne abuse justement de leur autorité. C’est alors un des points sur lequel il est primordial de rester vigilant au travail.
Attention, je ne dis pas que la reconnaissance de ses pairs ou des responsables est une mauvaise chose. Pas du tout. Mais elle doit être une indicatrice d’objectif personnel à atteindre en mesurant le travail réalisé, afin d’être toujours sur le chemin du progrès. Rien de plus que ça : un indicateur d’amélioration… bienveillant.
Par contre, il est intéressant d’utiliser cette problématique à son avantage. En utilisant la technique de l’effet miroir, nous pouvons travailler sur soi en essayant de comprendre ce que le comportement de l’autre me renvoie. Si vous utilisez cette technique, vous progresserez encore plus vite pour vous libérer de votre conditionnement.
Nous pouvons par conséquent noter l’importance que revêt la connaissance de soi, mais aussi la connaissance sur ce qui caractérise un travail bien fait.
Voilà donc pourquoi il convient d’être vigilant sur ses pensées et ses émotions.
Reprogrammation
En conséquence pour retrouver les bonnes bases qui nous permettront de travailler correctement, sans trop de stress, il faudra redéfinir nos valeurs et nos croyances erronées en reprogrammant notre cerveau comme un ordinateur.
En effet, notre cerveau fonctionne comme un ordinateur qui traite constamment des informations, le reprogramme en permanence. Le souci est que nous sommes bombardés de virus extérieurs qui, une fois infiltrés, créent des bugs que nous ne percevons plus. Nous nous accoutumons ainsi à vivre avec, sans que nous soyons conscients de leurs effets dévastateurs.
Ce n’est alors que lorsque nous prenons conscience de nos souffrances que l’on s’aperçoit de ces bugs, ces croyances et valeurs erronées qui nous rendent malheureux.
Par conséquent, si la plupart des personnes prenaient conscience que le besoin de reconnaissance était une chaîne, un virus qui les gardait esclaves de leur travail et de relations toxiques, nous aurions plutôt des esprits libres et épanouis sur terre, donc une société plus juste.
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Nous ne serions plus des bêtes prêtes à marcher sur les autres pour nous élever dans la société. Mais des humains au sens noble plutôt que des monstres d’égoïsme sur pattes.
Kaizen
Pour en arriver alors à me libérer de mes chaînes, j’ai donc travaillé sur moi pas à pas, petit à petit, en mode Kaizen. Ce qui m’a permis d’entreprendre des actions qui m’ont aidé à progresser, à me réaliser.
Ainsi pour mettre en application la méthode Kaizen, je vais reprendre toute la méthode 5S avec ses tableaux CAS, et tableaux de bord, puis mettre en place de petites actions quotidiennes qui vont améliorer mon bien-être.
Exemple :
En fin de journée, lorsque je fais le bilan, sur mon tableau d’observation de la journée, j’ai noté qu’au travail, un agent stressant revenait régulièrement.
Cet agent stressant est “je ressens de la colère lorsque je suis avec mon responsable”.
Diagnostique :
J’utilise la méthode des 5P pour aller au cœur du problème et je découvre que c’est parce que mon responsable ne me donne jamais son opinion sur le travail que j’effectue, donc il m’énerve.
- Mentalement, je me dis qu’il doit penser que la fabrication de mes pièces est mauvaise ou alors il pense que je ne fais pas assez de pièces, que je suis un « bon à rien”.
- Émotionnellement, je ressens de la colère, mais aussi de la tristesse.
- Physiquement, cela me crispe la mâchoire et la gorge, tend mes épaules et mes trapèzes et me procure une grande lassitude, un manque d’énergie.
Analyse :
- Les symptômes physiques concernant la crispation sont issus de la colère et de la lassitude.
- La démotivation procurée par la tristesse est due au manque de reconnaissance de la part de mon responsable.
Action :
Je vais créer une CAS pour me permettre de bien l’identifier et de les solutionner domaine par domaine.
- Mentalement, je vais reprogrammer ma croyance sur le besoin de reconnaissance évoqué plus haut. Il faut savoir que le cerveau a besoin d’un mécanisme de répétition afin de pouvoir être reprogrammé. C’est comme lorsque l’on était à l’école où les professeurs nous faisaient apprendre les leçons par cœur. Étant donné qu’une croyance s’est ancrée de manière répétitive dans notre mémoire, nous devons en faire de même pour la modifier. La technique des affirmations sera alors très efficace pour cela.
- Émotionnellement, j’utiliserais des exercices de visualisation pour ce faire. Pourquoi ? parce que la visualisation permet d’interagir avec nos émotions et nos émotions sont un accélérateur d’ancrage. C’est d’ailleurs la même technique qu’utilisent les publicistes pour nous vendre leurs marques. Les techniques de visualisation feront d’ailleurs l’objet d’un prochain article. Tiens, au passage, n’ai-je pas dit qu’il faut apprendre ses leçons “par cœur” ?
- Physiquement, j’utiliserais des techniques de relaxation pour favoriser l’exercice de visualisation et de répétition :
- Ces techniques seront principalement composées d’exercices de respiration.
- D’automassage.
J’en ai donc terminé avec les solutions. Maintenant, il va me falloir déterminer un programme quotidien pour réaliser tous ces exercices et c’est là que le Kaizen va sérieusement entrer en scène.
Temps masqué
Alors j’en vois déjà certains penser qu’ils n’ont justement pas de temps où pensent que c’est fastidieux de suivre un programme quotidien. Pourtant c’est en construisant avec discipline et patience une maison qu’elle peut durer dans le temps. Une mauvaise habitude ne se modifie pas en une journée. Les choses importantes qui ont du sens et qui apportent du bonheur ne sont pas le fruit de la chance ou du hasard. Il a fallu poser des actions quotidiennes pour qu’elles vivent et puissent surtout perdurer dans le temps.
Donc contrairement à ce que l’on entend souvent, du temps nous en avons tous, sauf qu’il est soit mal utilisé ou masqué. Et ce temps masqué, nous allons le débusquer, car ce sont ces moments qui nous apporteront le plus de valeur en efficacité pour nous transformer.
Valeur ajoutée
J’insiste encore là-dessus : je peux vous affirmer que vous avez tous du temps masqué pour réaliser ces exercices et en voici la preuve :
Combien d’entre vous font des choses qui ne leur apportent pas de valeur ajoutée ? C’est-à-dire des activités ne vous permettant pas d’acquérir ou d’améliorer vos capacités et compétences dans le but d’évoluer. Car je vous rappelle que l’être humain est fait pour évoluer, car la nature a horreur du vide et de la stagnation.
Bien sûr, je reconnais que nous avons tous besoin de temps pour décompresser après une dure journée de travail et de relâcher un peu l’activité du cerveau. Personnellement, j’utilise pour cela de bons films d’action où il n’est pas besoin de beaucoup réfléchir. J’appelle ça le “lavage de cerveau” ; )
Aussi, n’avons-nous pas un peu trop d’activités qui ne nous apportent pas grand-chose ?
Combien d’entre vous font trop d’activités ? Attention, je ne parle pas des activités familiales bien sûr.
- Réfléchissez : n’y a t’il pas, par exemple, une séance de sport dans la semaine que vous pourriez substituer pour une bonne séance de travail sur votre estime de soi ? Même si je sais que le sport y contribue grandement ?
Observez bien objectivement au fond de vous si certaines de ces activités vous apportent quelque chose qui vous font du bien.
- Par exemple, certaines personnes font partie d’une association, et c’est tout en leur honneur, mais il arrive qu’elle devienne énergivore et dévoreuse de temps, ce qui finalement n’apportera pas grand-chose à ses membres et encore moins à vous-même.
Alors si vous avez bien compris ce que je viens de vous expliquer, faites donc une liste de toutes vos activités et favorisez celles qui ont pour vous une valeur ajoutée, qui vous apportent beaucoup en termes d’estime de soi. Regardez bien si vous ne pourriez pas réduire aussi la durée de certaines d’entre elles.
Listez aussi les temps masqués que sont les transports, les tâches ménagères et autres activités du genre. Des temps où vous pourriez écouter la radio ou de la musique, faire ce genre de chose sans que ça gêne vraiment votre activité.
Faites ces listes et nous verrons ensemble, la prochaine fois, comment vous pourrez utiliser ces temps afin de transformer votre vie en bonheur ! : )
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Conclusion
Cette deuxième partie est terminée. En effet je préfère m’arrêter là avant de passer à la prochaine étape qui sera la mise en place d’un programme quotidien Kaizen.
J’espère que vous avez bien saisi l’importance que revêt le besoin de reconnaissance surtout dans le domaine professionnel.
Si vous saviez combien il m’est difficile d’aider une personne et surtout un collègue de travail qui ne vit qu’à travers ce besoin de considération auprès de son responsable. Bien souvent ils me disent qu’ils sont juste maniaques, mais ce n’est qu’un prétexte pour cacher leur manque d’estime de soi. Et c’est bien triste, car ils méritent tous d’être heureux et de s’épanouir au travail.
Alors quelquefois, j’arrive à leur faire comprendre cette notion, mais c’est très difficile, car cette croyance est tellement ancrée en eux qu’ils rechutent très vite dans leurs travers.
Je crois qu’un homme a réussi sa vie quand il n’a plus besoin de marcher sur les autres pour s’affirmer, de les rabaisser pour construire son petit ego, et quand il n’a plus besoin de jouer un rôle qui lui apporte de la reconnaissance.
Il réussit sa vie quand il devient capable de donner quelque chose.
Gérald Hüther
Maintenant si vous ressentez une emprise oppressante au travail dont vous souhaitez vous défaire, que vous avez un responsable qui profite de votre besoin vital de reconnaissance, commencez à travailler sur vous.
Créez une CAS, utilisez la méthode des 5P pour en découvrir la racine, puis établissez un tableau de bord pour veiller sur vos pensées, vos émotions.
La semaine prochaine, je vous montrerai comment vous organiser avec la méthode Kaizen, afin de trouver le temps de gérer ce stress et de vous sentir heureux au travail.
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Alors, ne lâchez rien, ne vous découragez pas.
Travaillez dur… mais sur vous.
ET soyez les tranformeurs de votre vie !
Si vous avez besoin d’aide, contactez-moi ou laissez-moi un commentaire et j’essaierais de vous aider au mieux.
Aussi, si vous pensez que cet article peut aider quelqu’un, partagez-le.
À bientôt et soyez des TéDeVs !
Bien à vous,
Paul Peixoto
merci pour toutes ces bonnes pistes que je me promets d’exploiter dès que j’aurais repris le boulot !
Bravo ! Bonne initiative mais vous pouvez déjà commencer le travail dans la vie de tous les jours car le besoin de reconnaissance se retrouve dans nos relations personnelles aussi.
Merci pour votre commentaire et à bientôt.
Paul 🤠